Textes
ovide
- v. 89-112 : l'âge d'or
- v. 113-124 : Jupiter et l'âge d'argent
- v. 125-127 : l'âge de bronze caractérisé par la guerre
- v. 128-162 : l'âge de fer
D’or fut la première race d’hommes mortels qu’ont créée les
Immortels, habitants de l’Olympe. C’était au temps de Cronos, quand il régnait
encore au ciel, ils vivaient comme des dieux, le coeur libre de soucis, à l’écart
et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur
eux ne pesait pas ; mais bras et jarret toujours jeunes, ils s’égayaient
dans les festins, loin de tous les maux. Mourant, ils semblaient succomber au
sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de
lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la
paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens, sans nombre. Depuis que le
sol a recouvert ceux de cette race, ils sont par le vouloir de Zeus puissant,
les bons génies de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse :
c’est le royal honneur qui leur fut départi.
Traduction Paul Mazon
Hésiode Les travaux et les jours, vers 139 à 164
Encore si tu veux je te réciterai
Un autre beau propos que bien je déduirai :
Mais garde ce discours au fond de ta poitrine :
Car et hommes et Dieux ont eu même origine.
Les Dieux logés au ciel firent premièrement
L’humaine race d’or, lors du gouvernement
Qu’avait Saturne au ciel : or ces hommes sans peine
Sans travail sans souci vivaient une âge pleine,
A l’aise comme Dieux. Ils ne sentaient jamais
La vieillesse chétive, ains également frais
Et de pieds et de mains, exempts de tout martyre
Jamais ils ne faisaient que banqueter et rire :
Et comme sommeillant doucement trépassaient.
De tous biens à souhait ces hommes jouissaient.
La terre donne-vivre apportait d’elle même
Du fruit de son bon gré en abondance extrême.
Eux avec plusieurs biens sans querelle émouvoir,
De franche volonté faisaient bien leur devoir.
Or depuis que la terre eut couvert cette race
Jupiter voulut bien leur faire cette grâce
Que bons démons ils soient, afin que des humains
Sur la terre à jamais soient fidèles gardiens.
Ceux sont eux qui sur cette terre et ça et là tournoient
D’or vestus, donne-biens, et diligents s’emploient
A remarquer tous ceux qui font ou bien ou mal.
C’est le loyer qu’ils ont magnifique et royal.
D’abord ce fut l’âge d’or ; naturellement, sans loi, sans aucun justicier, régnaient la loyauté et le droit. Le châtiment et la crainte n’existaient pas. On ne lisait pas, gravés et affichés sur des tablettes d’airain, les règlements écrits en termes menaçants. La foule suppliante ne redoutait pas le visage de son juge ; sans justicier, on était en sécurité. Le pin n’était pas encore abattu sur ses montagnes pour descendre jusqu’aux ondes limpides et aller visiter des terres étrangères ; les mortels ne connaissaient d’autres rivages que les leurs. Des fossés profonds n’entouraient pas encore des places fortes ; il n’existait ni trompette d’airain rigide, ni cor incurvé, ni casques, ni épées. Sans avoir besoin d’armée, les nations en sécurité passaient leur vie dans de doux moments de loisir. La terre, elle aussi, libre de toute charge, épargnée de la bêche et sans être blessée par la charrue, donnait tout d’elle-même. Satisfaits des nourritures produites sans effort, les hommes cueillaient les fruits de l’arbousier et les fraises des montagnes, les cornouilles et les mûres pendant aux buissons de ronces, et les glands tombés de l’arbre largement déployé de Jupiter. Le printemps était éternel et les paisibles zéphirs caressaient de leurs souffles tièdes les fleurs nées sans semence. Sans avoir été labourée, la terre portait des moissons et sans avoir été entretenu, le champ blanchissait de lourds épis. Des fleuves de lait, des fleuves de nectar coulaient et le miel blond tombait goutte à goutte de l’yeuse verdoyante.
Traduction 2 : de Pierre Du Ryer, Amsterdam : P. et J. Blaeu : Janssons a Waesberge : Boom ey Goethals, 1702, 574 p., Gallica n° 72208
Le premier âge du monde
fut appelé l’Age d’or, parce que l’homme y gardait sa foi, sans y être
contraint par les lois, parce que de son propre mouvement il cultivait la
Justice, et qu’il ne connaissait point d’autres biens que la simplicité et
l’innocence. La peine et la crainte en étaient entièrement bannies ; et
comme il n’y avait point de criminels, il n’y avait point de supplices ni de
lois qui en ordonnassent. On n’appréhendait point de paraître en la présence
d’un Juge ; et tout le monde était assuré sans avoir besoin de Juge.
Les pins n’avaient pas encore été coupés pour être convertis en vaisseaux ;
et de ces belles montagnes, dont ils étaient les ornements, ils n’étaient
pas descendus dans la Mer, pour aller voir un monde inconnu.
Les hommes ne connaissaient point d’autres terres que les terres où ils étaient
nés. Il n’y avait point de fossés qui environnassent les Villes, et qui les
défendissent par leur profondeur. Il n’y avait point de trompettes, il n’y
avait point d’épées, ni de toutes ces autres armes, qui ne protègent les
uns qu’à la ruine des autres ; et les Peuples toujours paisibles,
passaient doucement leur vie, sans devoir leur tranquillité à la force des
gens de guerre. Ainsi la terre donnait libéralement toutes choses, sans y être
contrainte par la bêche ou par la charrue ; et les hommes satisfaits de ce
qu’elle donnait d’elle-même, faisaient leurs meilleurs repas des fruits
qu’ils trouvaient dans les forêts, de ceux qu’ils cueillaient dans les
buissons, et du gland qui tombait des chênes. Le Printemps était éternel, et
la douce humidité de l’haleine des Zephirs entretenait l’éclat des fleurs,
après les avoir fait naître, sans avoir été semées. En même temps qu’on
avait coupé les blés, la terre en produisait de nouveaux, sans que le
Laboureur se mit en peine de la cultiver. On voyait couler partout des fleuves
de lait et de nectar ; et les forêts avaient des arbres d’où l’on
voyait distiller le miel.
D’abord ce fut l’âge d’or ; naturellement, sans loi, sans aucun justicier, régnaient la loyauté et le droit. Le châtiment et la crainte n’existaient pas. On ne lisait pas, gravés et affichés sur des tablettes d’airain, les règlements écrits en termes menaçants. La foule suppliante ne redoutait pas le visage de son juge ; sans justicier, on était en sécurité. Le pin n’était pas encore abattu sur ses montagnes pour descendre jusqu’aux ondes limpides et aller visiter des terres étrangères ; les mortels ne connaissaient d’autres rivages que les leurs. Des fossés profonds n’entouraient pas encore des places fortes ; il n’existait ni trompette d’airain rigide, ni cor incurvé, ni casques, ni épées. Sans avoir besoin d’armée, les nations en sécurité passaient leur vie dans de doux moments de loisir. La terre, elle aussi, libre de toute charge, épargnée de la bêche et sans être blessée par la charrue, donnait tout d’elle-même. Satisfaits des nourritures produites sans effort, les hommes cueillaient les fruits de l’arbousier et les fraises des montagnes, les cornouilles et les mûres pendant aux buissons de ronces, et les glands tombés de l’arbre largement déployé de Jupiter. Le printemps était éternel et les paisibles zéphirs caressaient de leurs souffles tièdes les fleurs nées sans semence. Sans avoir été labourée, la terre portait des moissons et sans avoir été entretenu, le champ blanchissait de lourds épis. Des fleuves de lait, des fleuves de nectar coulaient et le miel blond tombait goutte à goutte de l’yeuse verdoyante.
Traduction Marie-José Fourtanier
http://www.geocities.com/Athens/Styx/9009/Mythologie/Cosmogonie.htm